LE THÉÂTRE DES NUAGES

 « Je veux qu’on s’aime, je ne veux plus qu’on me blesse. Je vois encore dans les nuages de grands bateaux, des paysages, des formes longues, des grandes plages. C’était mon seul livre d’images. Je cachais mes rêves dans mon cartable entre mes livres et mes crayons. Des mots d’amour sur toutes les pages. Tendresse, tendresse. Je veux du ciel bleu, toujours, toujours. Je veux des ami.es plein ma maison, des guitares, des rires, des chansons. Je veux qu’on s’aime, je ne veux plus qu’on me blesse. » Lucky Love

Lorsque je prépare un atelier ou une intervention, plein de choses se bousculent dans ma tête. Puis le cheminement vers la création est en route. Tout peut changer. Tout le temps. À tout moment. Pour ce projet de tournée des campus avec l’Université de Bordeaux, la première intervention s’est faite sur le campus Bastide au début du mois d’octobre de l’année dernière. C’est la première fois pour moi que je découvre cet endroit. Je mûris mon idée et je me retrouve vite seul face au néant. Je me pose plein de questions. Qu’est-ce qui va fonctionner ? De quoi pourrions-nous parler ? Je souhaite balader mon idée de campus en campus. Qu’est-ce qui va bien pouvoir nous réunir et être là entre nous comme fil conducteur ?

Je ramène tout le matériel nécessaire pour être à l’aise dans nos créations, dans de bonnes conditions : ma radio, mes chaises de camping et mes tables qui pèsent trois tonnes (c’est une image, en réalité elles ne font que 2 tonnes et quelques kilos). Je réfléchis aux temps idéals des ateliers que je propose dans ces journées bien remplies. Entre 8h et 10h je m’installe tranquillement. Je n’ai pas encore tout à fait l’idée de ce que nous allons faire. Ça mûrit.  Pendant ce temps ma maman tente de me joindre. Ma grand-mère nous a quitté dans la nuit, ma petite mamie avec ses petites manies. Je ne sais pas encore si je vais rester sur place. Je décide que oui avant de vite fuir pour retrouver mes proches.  Même si mon cœur bat de plus en plus vite, que mes mains tremblent et sont toute moite. J’ai la thématique. Je vais demander aux gens, étudiant.es et personnel de la fac de peindre un ciel, leur ciel, celui qui les rassure, celui qui leur appartient et leur poser la question : à quoi pensez-vous quand vous regardez le ciel ?

J’ai eu peur sur les autres rendez-vous que ce moment me mette en difficulté, qu’il revienne à chaque fois comme un disque rayé, que les flashes et les images dans ma tête me déplaisent. Mais la force que nous laisse les gens qui partent est inébranlable. En plus de tout un tas de souvenirs que l’on se doit de chérir ma grand-mère m’aura transmis cette force inexplicable. Merci encore et encore à toutes et tous de m’avoir suivi dans ce projet, de m’avoir accompagné et d’avoir livré un bout de vous. Je vous en suis sincèrement reconnaissant, merci pour la richesse de toutes ces histoires.

Quelques mois plus tard, mission accomplie avec succès. J’étais très heureux début octobre d’accepter la mission de cette tournée des campus de l’Université de Bordeaux. 120 est le nombre de secondes que je demande aux étudiant.es pour venir passer un moment sur cet atelier. Ça peut être moins et plus selon comment elles et ils se sentent. C’était incroyable.

Je suis intervenu sur les cinq campus : Montesquieu, Carreire, Talence, Victoire et Bastide avec à chaque fois la même ligne directrice. C’était le rendez-vous du lundi, une fois par mois pendant six mois.

Mon objectif premier est de montrer aux gens l’importance d’une pratique artistique au cœur d’une journée difficile, stressante, oppressante, parfois violente et inappropriée. À mon goût bien trop d’étudiant.es frisent le burn-out. J’ai du mal à l’accepter. Tant que les partenaires me feront confiance je mettrais tout en œuvre pour œuvrer pour de vrai et être à ma place en tant qu’artiste.

L’art et la culture amène à échanger, se retrouver, se rencontrer… prendre du temps ensemble, prendre le temps d’être ensemble ou simplement du temps pour soi.

Le résultat ? Le voici aujourd’hui et dans l’article que je vous invite à regarder. Des ciels peints et des dizaines de témoignages s’apposent sur le papier chaque lundi.

Posé là, devant un amphi, à un endroit de passage, devant la bibliothèque universitaire, aux machines à café… sur tous les campus. Les saisons défilent, la rentrée s’éloigne au fil des semaines. L’objectif premier est de surprendre. Merci de nous avoir livré un bout de vous au travers de vos ciels et de vos écrits. C’est beau.

Le ciel est toujours là au-dessus de nos têtes pour tout le monde. Il nous rend triste et heureux.se. Il abrite un tas de secrets incalculables depuis la nuit des temps. Il change plus vite que la musique.

Beaucoup d’entre nous abrite derrière chaque nuage ou chaque étoile une personne qui veille sur nous, une personne qui nous manque. Une personne qu’on aime plus fort que les étoiles, la lune, le ciel ou les nuages.

On pense en regardant le théâtre des nuages à celles et ceux qui nous ont quitté trop tôt mais qui guide nos pas et nos futurs projets.

Toutes les couleurs qu’un.e artiste rêve d’avoir sur sa palette au cours de sa vie se trouve dans le ciel. Il suffit d’une seule minute pour changer une journée.

Une immense pensée à ma mère qui a comme meilleur ami le ciel et apprécie chaque cadeau qu’il nous offre avec joie et reconnaissance éternelle.

remerciements

Merci à toutes les personnes qui ont contribué au succès de cet événement, à tous les gens avec qui j’ai parlé, rigolé, papoté pendant d’imposante minute. Merci de vous être livré.e et merci de tout cœur pour votre sincérité.

Merci au Service Culture de l’Université de Bordeaux pour m’avoir fait confiance sur ce coup-là et avoir tout mis en œuvre pour que nous y arrivions. Merci bien évidemment Hélène, Jessica et les filles. Vous êtes une équipe magnifique et nos lundis vont sincèrement me manquer.

Une pensée à toutes les personnes qui sont venues exprès pour participer à ces ateliers. C’est toujours très touchant en tant qu’artiste de ressentir cette force et ce soutien. A bientôt pour de nouvelles aventures.

témoignages

HELENE MAZARD – Chargée de projet culturel Université de Bordeaux

« Notre envie de transmettre, de partager un peu d’art entre deux cours comme un courant d’air, a été, j’en suis certaine un succès. En tout cas pour moi, c’est validé. Sans regarder les chiffres, les budgets… mettre l’art où on ne l’attendait pas quel bonheur ! Ça fait du bien de se lever pour offrir cela.

Apporter une nouvelle vision du monde, d’une journée, d’un art, par une approche artistique, c’est ce que je voulais mettre en place avec ce projet et tu le confirmes, c’étaient de jolis lundis en compagnie des étudiants.

Pour la communauté étudiante, ces rendez-vous mensuels étaient attendus et reconnus. Les lourdes journées de cours ou de révisions étaient ponctuées de peintures, de mots et d’échanges. Le projet ayant abouti en mars avec la restitution des tableaux sur chaque campus, nous avons pu échanger une nouvelle fois avec certains étudiants peintres d’un jour qui étaient ravis de revoir leur projet sur leur campus, comme une concrétisation. Ces instants hors du temps, à portée, sans contraintes de lieu ou d’horaire, ont permis à plus d’un, un vrai lâcher prise et à la création de Le Théâtre des Nuages.

Peut-on aussi parler de ton fanclub ? La voiture tant reconnaissable sur le campus, attirait les étudiants qui venaient échanger quelques mots, voir troquer pour quelques minutes, un tablier et commencer un ciel.

Ce projet 120, s’axait sur l’art et le sujet d’actualité qui est la santé mentale des jeunes. J’ai voulu par cette invitation artistique mensuelle, apporter une bouffée d’air, un espace pour soi aux étudiants et personnels des campus. Sur le chemin de la salle C5k96étage4 il n’y a pas que le chargé de TD qui attend, il peut y avoir un groupe de musique, un artiste, un atelier d’écriture… C’est une invitation à lever les yeux et à s’autoriser une pause. Cette première année a rassemblé plus de 200 personnes ! »

 


 

JESSICA – Chargée de projet culturel Université de Bordeaux

« Un excellent moment. Au cœur de la vie étudiante, le temps d’une pause étudiante qui finalement s’étend. Ce genre de moments amène à la vie étudiante de la surprise, de l’étonnement. Une rencontre avec un artiste et un peu avec soi aussi. En tant que chargée de projets, arrivée depuis 3 jours, Paul Peinture fut mon premier terrain. Comment mieux commencer un nouveau job ?

Des bruits de couloir ? Ce que j’ai entendu beaucoup c’est « ça fait du bien dans cette journée intense »  » un échappatoire » mais aussi « est-ce que vous faites des ateliers peinture  » et « j’ai envie de me remettre à la peinture »

Des anecdotes ? (Mise à part que j’ai bouché les lavabos à la victoire en lavant les pinceaux ? oooopsssii )

J’ai beaucoup aimé quand un étudiant a écrit qu’en regardant le ciel il pensait à telle personne de sa promo et quand il l’a écrit, elle a rougi car c’était son nom. Une déclaration d’amour à travers l’art, c’est pas mal ! Merci à toi pour cette chouette expérience. »

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