Les traits de ton visage

Oh lala que ça fait du bien de se retrouver dans un collège. Quel bonheur de retourner ici avec un des publics que j’aime le plus. Tout le monde sera d’accord avec moi pour dire que cette tranche d’âge est loin d’être la plus simple, aussi dur à captiver que captivante. Mais elle est à mes yeux celle qui a raison, qui analyse et influence le monde. C’est autour d’elle que tout tourne. Elle a envie d’apprendre et c’est elle qui construit le futur dans lequel nous allons vivre. C’est notre présent et notre avenir.

Je suis donc tout joie de vous présenter ces quelques peintures réalisées au collège Victor Louis à Talence. Après avoir travaillé au lycée l’an passé me voilà chez les voisin.es du collège.

Nous avons choisi d’appeler cet ensemble de peintures « Les traits de ton visage » en rapport au temps qui passe, aux souvenirs, aux rencontres, à nos ami.es du collège pour un temps ou pour la vie. Les traits de ton visage, c’est aussi celui de nos grands-parents, nos mamies, nos papys, des paysages qui défilent et tant de choses encore que chacune et chacun garde précieusement pour soi ou partagera plus tard.

Même si j’ai tenté d’intégrer le plus de personnes possibles, élèves, équipe pédagogique, l’administration et le corps enseignant inclus, c’est la classe de 4^ème3 qui est au cœur de cette aventure. Je les remercie d’ailleurs pour leur implication et les échanges que nous avons eu. Ensemble, nous avons fait de la peinture, de l’écriture et nous nous sommes offerts de longs temps de discussions qui ont nourri ce projet. J’ai aussi eu l’honneur de travailler avec plusieurs élèves d’Ulys, des élèves d’UPE2A (Unité Pédagogique pour Elèves Allophones nouvellement Arrivés) et ainsi que plusieurs classes de 6^ème, 5^ème, 4^ème et 3^ème du collège.

Pour la première fois, de manière officielle, j’ai mis en place un atelier ouvert aux profs entre midi et deux heures. C’était trop bien. Nous allons remettre ça en place avant noël.

Lors de la première récré je me rends compte très vite que le collège mélange deux publics. C’est flagrant, intriguant et beau. Avec mon œil d’artiste, j’ai l’impression d’être dans une comédie musicale américaine. D’un côté il y a toute la jeunesse des deux cités voisines Thouars et Crespy et de l’autre les futures sportives et sportifs de hauts niveaux. Les un.es et les autres me semblent fascinées par les camps adversaires. Ça se check à l’américaine, les codes et dresscodes du quartier sont omniprésents, le petit crocodile vert fraichement acheté ou emprunté aux parents sponsorise les ados. Les rugbyman et rugbywoman se font tourner le ballon sous les grands pins qui se dressent dans la cour. On papote, on discute, on crie, on chambre, on roule, on rôde, on se bagarre et parfois comme cette semaine de juin on crée une œuvre collective et unique. Je crois et vois tout le monde fier.e même si certain.es sont réticent sur l’abstrait. Au moins ça fait parler. On passe des bons moments. Ça me rend heureux.

C’est riche et c’est beau. Ça crie fort, ça déblatère, blablate, rigole fort. Il y a de la vie, du spleen, des sourires, des yeux tristes, des regards glacés autant que des bananes à la ceinture, sur les visages, dans nos assiettes et des sourires somptueux qui donnent le sourire.