Je suis hyper heureux de cette fresque. Je pourrais même dire que j’en suis fan. J’y ai pris énormément de plaisir. J’adore certaine partie mais toute l’histoire qu’il y a derrière me fascine tout autant. Aujourd’hui, ça peut paraitre juste anecdotique mais dans dix ans je continuerais d’en parler. Je m’en rappellerais toujours. Je n’oublierais jamais. Elle est le fruit d’une rencontre avec une personne qui m’a laissé toute confiance sans aucun à priori, sans même vraiment savoir qui je suis et ce que je fais. Quelque chose auquel je crois pertinemment mais beaucoup pensent utopiste.
Il y a six mois j’ai acheté une petite voiture rouge qui est devenue la Paul Peinture Mobile. C’était mon rêve depuis longtemps. Avant même d’imaginer Paul Peinture je pensais à elle. Mais tel un cauchemar et les emmerdements n’arrivant jamais seuls, je me suis fait arnaquer. Avant qu’elle soit celle qu’elle est aujourd’hui, elle a vécu un peu de temps au garage. Au moment de passer à la caisse, Pascal, le garagiste juste à côté de la maison m’a proposé de faire une fresque qui donne sur la cour d’appartements qu’il loue en échange des travaux qu’il a fait sur la voiture (des gros travaux). Une sorte de troc… Il ne pouvait pas plus me faire plaisir, autant sur le côté financier qu’humain. Mais quoi peindre sur ce mur ?
En discutant avec lui, j’ai ressenti qu’il voulait un paysage. Il me parlait de Pays-Basque, de Corse, de la montagne à la mer et de la mer à la montagne. Les notions de perspective et d’évasion lui tiennent à cœur. Je réfléchis beaucoup. J’imagine plein de choses. Je fouille dans mes carnets de voyage, mes catalogues personnels de photographies argentiques prises ici ou là, voir s’il n’y en pas une qui correspond à la scène que l’on imagine. En réalité, il y en a plusieurs. Malheureusement, je ne trouve objectivement qu’aucune ne correspond au mur en question. Aucune ne fait vraiment le taf. La veille de réaliser la fresque, je décide de piocher dans quelque chose que j’aime vraiment et surtout m’amuser dans la réalisation. « Fais toi plaisir » m’a-t-il dit Pascal. Pour une fois je suis seul face à une grandeur de mur plutôt conséquente que je n’ai plus l’habitude de réaliser.
J’ai alors choisi de créer à main levé un mélange de différents tableaux de Paul Cézanne, artiste que j’aime tant. Je me suis inspiré de nombreuses formes et couleurs, le ciel d’un tableau, le village d’un autre. Puis j’ai surtout fait avec les moyens du bord et les couleurs que j’avais sous la main ainsi que le temps que je me suis bloqué dans mon agenda pour ce travail. Je suis très heureux. Le soleil n’est pas trop chaud et il y a encore les saveurs de septembre et le goût de la rentrée scolaire en musique de fond dans cette petite cour pessacaise à l’allure espagnole.
Depuis mes cours de paysagiste au lycée (et peut être même avant) le courant impressionniste m’a toujours séduit. Les merveilleux peintres de cette époque donnent la parole à leurs tableaux. Grâce à eux la peinture a pris vie. Face à leur travail, on entend, on voit, on sent. On voyage.
Aujourd’hui j’aime tant que possible passer du temps dans les livres de Camille Pissarro que j’ai dans mon atelier. C’est un des maitres de ce mouvement. J’adore. Paul Cézanne a été son élève, tout comme Paul Gauguin. Cézanne est un des premiers à avoir déstructuré ses paysages, cassé certaines perspectives. Il est à l’origine du postimpressionnisme et du cubisme. A la fin de sa période d’impressionniste pure et dure, il laissait parfois apparaitre un bout de toile vierge pour montrer que ce qu’il faisait été bel et bien de la peinture et non une photographie. Tout ça se passait à la fin du 19ème siècle. Combien sommes-nous aujourd’hui à ressentir ce besoin ? Combien sommes-nous à vouloir peindre du figuratif qui tend vers l’abstraction ou inversement ?
Je tiens sincèrement à remercier Pascal pour sa confiance et l’opportunité qu’il m’a offerte en me faisant ce cadeau. J’espère avoir été à la hauteur de ses attentes. Sans lui Paul Peinture dans son lancement aurait été encore plus lent. Ça fait du bien de ressentir qu’il existe encore des hommes comme ça. Merci aussi Jérôme le futur boss du garage. Gros big up à leur garage que forcément je vous recommande. Ce sont les meilleurs de toute la Nouvelle Aquitaine.
Longue vie à ma petite voiture que j’aime temps. Je ne voulais pas baisser les bras trop vite. J’attends de trouver un peu de temps pour faire de belles images, finir d’aménager l’intérieur et je mettrais plein de photos dans la partie « coulisses » de ce site internet.
Pour cette partie « témoignages », j’ai choisi pour cette aventure de réécrire certaines paroles et écrits de Paul Cézanne devenus aujourd’hui des citations. A défaut de les avoir écrites moi-même elles résonnent en moi tel des mantras ou des leitmotivs. Lorsque je peins, ma peinture sera réussie seulement si elles répondent à chacune des phrases si dessous.
« Peindre signifie penser avec son pinceau. »
« Une œuvre d’art qui n’a pas commencé dans l’émotion n’est pas de l’art. »
« Parfois j’imagine les couleurs comme si elles étaient des idées vivantes, étant de pures raisons de communiquer. La nature n’est pas à la surface. Elle est profonde. »
« Il ne s’agit pas de peindre la vie, mais de rendre la peinture vivante. »
« Je pourrais peindre pendant cent ans, mille ans sans m’arrêter et je me sentirais toujours comme si je ne savais rien. »
« Il ne s’agit pas seulement de regarder et de copier, mais aussi de ressentir. »
« Je suis plus un ami de l’art qu’un producteur de peinture. »
« Le plaisir doit être trouvé dans l’étude. »
« Pour un impressionniste de peindre de la nature n’est pas de peindre le sujet mais de réaliser des sensations. »
« Si je pense tout est perdu. »
« La chose la plus séduisante à propos de l’art est la personnalité de l’artiste lui-même. »
N’oublions pas toutes ces personnes qui nous ont fait et sans qui nous ne serions pas là. Mon grand-père s’appelait Paul, je suis fier et heureux de porter ce prénom, encore plus quand je pense à ces grands maitres dont leurs voix résonnent encore et toujours.